Lundi 6 février 2023, porte 56 de l’aéroport Marco Polo de Venise. Il est 10h30 et l’hôtesse vient d’inviter les passagers à procéder à l’embarquement du vol Turkish Airlines 1668 pour Istanbul. C’est donc enfin l’heure du grand départ. On peine à y croire véritablement, tant l’attente fut longue…
C’était vers le mois de septembre 2018 - il y a plus de quatre ans – que nous décidions qu’il était temps d’enfin concrétiser notre rêve et de partir pour un long voyage sur les Routes de la Soie. Nos voyages de 3-4 semaines durant nos vacances annuelles ne suffisaient plus à étancher notre soif d’ailleurs, ce « maux » pour lequel les Allemands ont inventé le nom de « Fernweh » et dont nous avions nulle intention de nous défaire.
La date initiale du départ était fixée à février 2020, soit près d’un an et demi pour tout préparer : définir l’itinéraire et les endroits à visiter, s’informer sur les visas à obtenir et les passages de frontières, prévoir le matériel nécessaire, faire les vaccins, régler une tonne de questions administratives, apprendre quelques notions de russe, etc.
Quelques jours avant le grand départ, un accident nous oblige à reporter celui-ci de quelques semaines, puis le Covid est arrivé. Les semaines sont devenues des mois, les mois des années. Mais le temps qui passe n’aura fait que renforcer notre conviction que nous devions réaliser notre rêve dès que l’opportunité se présentera.
C’est donc peu dire que nous avons hâte de prendre le large. Mais de nombreuses émotions se bousculent en nous. Car quitter notre nid durant un an impose des sacrifices. Cela implique de ne plus voir familles et amis pendant une longue période, savoir que l’on ne sera pas présents pour les moments importants, comme les 90èmes anniversaires de nos grand-mères ou la communion de notre filleul, dire au revoir à nos chats adorés, reporter à plus tard d’autres projets personnels ou professionnels et avoir conscience que l’on cause des tracas à certains de nos proches qui se font du souci pour nous…
On pense aussi à toutes les personnes qui nous ont soutenues, celles qui nous ont hébergés lorsque nous étions temporairement sans appartement, qui ont accueillis nos matous, qui veuillent sur notre mobilier, et nos parents qui ont toujours été derrière nous.
En même temps, on trépigne d’impatience d’entamer notre périple. Le monde a changé au cours des 3 dernières années et notre projet a dû évoluer, mais l’ambition reste la même : parcourir les Routes de la Soie, ce réseau de routes qui depuis l’Antiquité relie l’Europe à la Chine, en passant par le Caucase, le Moyen Orient, l’Iran, l’Asie Centrale. La simple l’évocation des lieux qui se dressent sur notre route nous fait voyager : les paysages lunaires de Cappadoce, l’immensité des steppes kazakhes, la glorieuse Samarkand jadis centre du monde, les montagnes du Pamir,…
15h25, notre Airbus touche le tarmac de l’aéroport d’Istanbul. La secousse nous tire de nos rêveries. Après avoir récupéré nos sacs à dos pleins à craquer, nous prenons le bus qui nous emmène vers le centre-ville. Notre hôte qui nous hébergera les premiers jours vit dans le quartier de Kadiköy, sur la rive asiatique. Lorsque nous enjambons le pont qui enjambe le Bosphore, nous laissons l’Europe derrière nous.
C’est donc bel et bien parti…